Faire-Part d'une ère nouvelle
Sur la pointe des mots, la plume effleure ses lignes pleines et déliées,
Virtuose du ballet symphonique où se déclinent les saisons complices,
Mais, le temps de remplir de douces couleurs le bedonnant encrier,
Les mois troquent leurs apparats entre d’évanescentes coulisses.
Tel un cygne blanc, près du lac, les ailes par saccades agitées,
À moins que ce ne soit un aigle noir, chant d’un songe sublimé,
Dans de derniers soubresauts, l’an se voit ainsi relégué
Aux bons souvenirs, aux tristes remords et aux pâles regrets.
Car, combien de subtils instants précieux
Furent-ils délaissés pour quérir les hasards du mieux ?
Car, combien de fugaces instants présents
Furent-ils négligés pour un regard vers le futur séduisant ?
Ainsi, l’œil humide, le pas lourd et le cœur pantois,
La vigilance reprend la garde sur de nouveaux créneaux,
Promesses sont tenues que 2013, du fort, n’échappera pas,
Cerné par des résolutions qui ne sonneront plus la cloche de bois.
Ah ! Combien de « il faut que » ont entravé de grands destins !
Alors que « faire » s’accorde si bien avec « ce que bon nous plaît » !
Mais l’heure est à pleurer et s’en aller, comme Verlaine, aux vents mauvais,
Bercée par la sournoise tendance s'immergeant dans une âpre morosité…
Adieu, calèches, veaux gras et tonneaux cerclés !
Qu’aurais-je à rêver que je n’ai déjà consommé ?
Pourquoi, autant de disparates tentations, m’est-il proposé,
Moi qui n’ai, pour le moindre culte, aucun brillant denier ?
Allons ! Même si la chère devient maigre et le bagage plus léger,
N’est-il pas largement nourricier ce verre rempli de moitié ?
Allez ! Qu’il me soit plutôt donné de moudre des idées
Dont l’évidente clarté serait de trois fois rien posséder !
À l’horizon de ce siècle pourvu de treize adolescentes années,
Un calendrier dont la jeunesse m’insuffle le goût d’aimer,
Je vois une ère nouvelle où s’il fallait, en toutes choses, moins abuser,
Le bonheur se cueillerait comme une fleur à respirer !
Sur la pointe des mots, la plume joue l’étoile des souffles et des libertés,
Virtuose du ballet symphonique où s’annoncent les rencontres complices
Et, le temps d’activer mille arcs-en-ciel depuis l’élégant encrier,
Un livre sort de sa loge quérir de nouvelles coulisses,
Alors, le théâtre de la vie sème ses vœux vraiment sincères,
À vous tous, mes lecteurs, des souhaits faciles et des joies retrouvées ;
Je lève la coupe de l’an déchu, délaissée de ses saveurs amères,
Grâce à votre présence et à toutes ces richesses offertes par votre fidélité !
Bonne et Heureuse Année !
© Françoise Teissier
Janvier 2013